Eloge de la névrose en 10 syndromes, par Leslie Plée
« Faut qu’on invite des gens
pour se forcer à faire le ménage. »
Chronique des gens imparfaits. Et qui
font avec.
J’ai ri.
D’abord le titre : « Eloge
de la névrose en 10 syndromes » qui nous change des multiples livres dits
de « développement personnel » qui promettent d’aller mieux et de
guérir tout, sur le mode « j’ai plus qu’à, il faut que je ».
Ensuite le dessin sur la première de
couverture d’une femme encombrée de sacs qu’on imagine aisément sortant du
supermarché après sa séance d’analyse et le téléphone à l’oreille s’alarmant
que son psy « est dans le déni total, il pense que je vais bien ».
Ensuite j’ai ouvert et lu, et j’ai
continué à rire. Parce que le syndrome de l’adultisme est notamment illustré
par une étudiante qui dit « Ouais, et moi, je cache toujours à mes parents
que je fume. » et qu’elle pense que ça lui suffit pour maintenir
l’illusion. Ca sonne juste très souvent. Prenons le cas des angoisses, cet
« affect qui ne trompe pas » (Lacan), qui paralysent de nombreuses
personnes. En un dessin et quelques phrases sa « réelle (et ridicule)
phobie des files d’attente » est expliquée avec honnêteté mais en plus elle la dédramatise. Leslie Plée ne se contente pas de nous faire rire,
elle réhabilite aussi la sensibilité comme moyen de s’orienter dans sa vie.
Quant au syndrome de Paris il est
une manière d’illustrer le plaisir d’être Chez soi,
qu’a développé récemment Mona Chollet. C’est dans le même mouvement plus dramatique
et plus drôle en BD. Une pensée pour papi, mamie et le coccyx de maman.
Et ça continue avec la peur des
voyages, le malaise qui saisit chacun quand il a oublié sa séance chez son psy.
Faut-il rappeler ? Quand ? Pour dire quoi ? Certains tombent alors
dans des abîmes de perplexité. Que faire de soi quand on se considère comme un
fardeau, donc en même temps comme un être extraordinaire ? Vaste question
qui trouve ici une part de résolution dans le miroir de son quotidien avec un
compagnon qui souffre du même syndrome (disputes mémorables et bouderies d'anthologie).
Mais tout n’est pas comique, la
deuxième partie de la bande dessinée se révèle plus sérieuse quand la
dessinatrice aborde la question de l’arrêt du tabac ou bien quand elle
préconise de suspendre son jugement à certains moments pour faire sans décider tout de suite si c’est bon ou mauvais. On sent Leslie
Plée aussi plus grave quand elle s’intéresse aux femmes, à l’image publicitaire
de leurs règles, à la question de leurs désirs et de leur place dans l’espace
public. J’ai pensé au projet Plaisirs de meufs qui se propose d’aborder les sexualités féminines dans un blog au format bande
dessinée.
Quant au syndrome du balancement
nocturne, c’est un mystère que je vous laisse découvrir.
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