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Affichage des articles du novembre, 2024

Triste tigre, écrire l'inceste

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Triste tigre  Neige Sinno  Un récit exceptionnel.  Neige Sinno décortique l’inceste.  Elle ne raconte pas seulement les années d’horreur, elle parle aussi de l’après avec une justesse et une finesse d’analyse du début à la fin. Ce faisant, elle réfléchit à ce qui fait traumatisme, et en même temps à ce qui permet à la littérature de s’écrire parce que comme disait Deleuze "on n’écrit pas avec ses névroses". Ce triste tigre (magnifique appellation du violeur, et un titre qui s’impose par sa clairvoyance), elle l’a tellement observé dans son quotidien qu’elle le connaît par cœur.  "Son crime fait de tout le reste de son existence une aberration, il empêche de la lire sous le prisme de la dignité ou d’une quelconque qualité morale." Des décennies après les abus, l’autrice a le courage de tenter de comprendre les ressorts psychiques de tels passages à l’acte, c’est-à-dire la "soupape psychique" que constitue le viol pour prévenir un effondrement du sujet. Et...

Famille, je vous haine

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"Voilà ce qu’est la famille : d’abord elle vous chasse et ensuite elle vous reproche de fuir." Édouard Louis L’effondrement   Voilà dit en si peu de mots ce qui constitue le noyau de nombreux patients et analysants. Parce qu’une fois cela dit, qu’en faire ? Être chassé ou se chasser soi-même de sa propre famille pour ne plus subir ce qui s’y joue est une chose mais supporter ce départ en est une autre. Regrets et culpabilité s’invitent dans l’histoire.  Les reproches inévitables accroissent les difficultés du sujet qui avait déjà bien du mal à assumer sa décision.  L. veut couper mais n’y arrive pas et se plaint, se plaint et se plaint encore des demandes maternelles. E. a mis plusieurs centaines de kilomètres de distance entre sa vie et celle de ses parents mais se désespère de trouver chez elle des fonctionnements identiques à ceux qu’elle avait fuis. I. voudrait ne rien attendre de son père mais se retrouve toujours à organiser un séjour chez lui, même quand elle n’e...