Famille, je vous haine

"Voilà ce qu’est la famille : d’abord elle vous chasse et ensuite elle vous reproche de fuir."
Édouard Louis
L’effondrement 



Voilà dit en si peu de mots ce qui constitue le noyau de nombreux patients et analysants. Parce qu’une fois cela dit, qu’en faire ? Être chassé ou se chasser soi-même de sa propre famille pour ne plus subir ce qui s’y joue est une chose mais supporter ce départ en est une autre. Regrets et culpabilité s’invitent dans l’histoire. Les reproches inévitables accroissent les difficultés du sujet qui avait déjà bien du mal à assumer sa décision. 


L. veut couper mais n’y arrive pas et se plaint, se plaint et se plaint encore des demandes maternelles. E. a mis plusieurs centaines de kilomètres de distance entre sa vie et celle de ses parents mais se désespère de trouver chez elle des fonctionnements identiques à ceux qu’elle avait fuis. I. voudrait ne rien attendre de son père mais se retrouve toujours à organiser un séjour chez lui, même quand elle n’en a pas envie. P. perçoit de plus en plus nettement qu’elle a recréé dans son foyer ce qu’elle a fui de son histoire.


Édouard Louis a trouvé brillamment la littérature pour faire avec son histoire familiale. Il creuse le sujet. Les patients et analysants élaborent en séance. Chacun tente de comprendre et se libérer de ce poids, de cet empêchement à être qui les fige dans un fonctionnement qui ne leur convient pas.

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