Résonances du procès Mazan

 Résonances du procès Mazan


Collage féministe en face du tribunal d'Avignon - Photographie Adèle Bossard

Dominique Pelicot a donc drogué, violé et fait violer son épouse par des dizaines d’hommes pendant plusieurs années, crimes documentés par les vidéos qu’il réalisait et qu’il a rigoureusement classées sur son ordinateur. Voilà pour les faits du dit procès Mazan. La victime a eu le courage de refuser le huis clos et cela permet de prendre la mesure de l’ampleur des crimes qu’elle a subis mais aussi de l’atterrante défense des accusés. Lire sur le procès Mazan est éprouvant. Écouter des hommes dire qu’ils ne savaient pas l’état dans lequel était la victime, qu’ils n’ont pas compris ce qu’ils faisaient, écouter le mari qui alterne entre froideur à l’égard de la victime et grand chevalier qui la protège dépasse l’entendement bien souvent. 


Et le travail psychique dans tout ça ?


Parfois, certains événements qui touchent le collectif peuplent les séances, et ce plus ou moins massivement. Le Covid, la guerre en Ukraine, le 7 octobre en Israël, le génocide en cours à Gaza, autant d’événements dont l’écho retentit jusque dans les cabinets des psychologues. 

Le procès Mazan ne fait pas exception. Les patientes et les analysantes en parlent. Elles disent qu’elles ne trouvent pas les mots mais elles ne peuvent pas faire autrement qu’essayer d’en parler parce qu’elles y voient la pointe extrême des violences sexistes et sexuelles qu’elles ont vécues. 


L’article de Marie Telling sur le Huffington Post Le viol de femmes dans leur sommeil habite l’histoire de l’art, de la mythologie jusqu’au cinéma égraine les exemples d’esthétisation de ces crimes au cinéma : Polanski, Buñuel, Truffaut, Rohmer, Almodovar. La liste est longue. Mais ce qui se montre sur grand écran ne s’y arrête pas. 


Et c’est même là un enjeu majeur pour nombre de jeunes femmes. Entre 15 et 25 ans, le risque pour les jeunes filles et jeunes femmes d’être agressées dans leur sommeil est si important que je ne compte plus les patientes qui ont rapporté ces faits en séance. Dormir avec son amoureux est risqué. Dormir dans la même chambre qu’un ami est risqué. Dormir dans le même appartement qu’un collègue est risqué. 

À qui faire confiance ? Quand accorder sa confiance si même l’amoureux, l’ami et ce collègue sympa n’en sont finalement pas dignes. Questions vertigineuses, mal-être tenace, colères persistantes : voilà pour les maux les plus visibles. 


Que dire aux jeunes filles et aux jeunes femmes sur ce sujet quand elles atteignent leurs 15 ans ? Les réponses à cette question sont complexes, dépendent de nombreux paramètres et ce qui convient à l’une n’est pas forcément le plus judicieux pour l’autre. 


Il y a en revanche quelque chose de très simple à dire aux jeunes garçons et aux jeunes hommes parce que si ces jeunes filles et jeunes femmes ont été agressées c’est bien qu’il y avait des agresseurs. C’est donc aux amoureux, aux amis et aux collègues sympas qu’il faut répéter qu’une femme endormie ne peut pas donner son consentement et que s’ils agissent quand même alors il s'agit d'un viol. 

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