Mia madre : délier les possibles
Mia madre, un film de Nanni Moretti qui croise la fin de vie,
la création artistique et celle de la vie quotidienne. La réalisatrice fait des
allers et retours entre les lieux de son tournage et l’hôpital dans lequel sa
mère vit ses derniers instants. Au milieu de ce tourbillon, elle se sépare de
son compagnon, tente de comprendre sa fille et s’appuie sur son frère.
Si le film n’a rien d’exceptionnel, il reste quelques
scènes marquantes, comme des pépites, de celles que l’on vit emportés par
l’élan du moment.
Parmi ces plans remarquables, il y a celle de
l’anniversaire de l’acteur principal. Il vient des Etats-Unis pour jouer en
Italie. Il comprend un peu l’italien, mais le parle si mal. Il oublie ses
textes, il joue mal, il s’énerve, il est incapable de retenir les visages, il
ment tout en affirmant qu’il blague, il se joue de lui et des autres.
Et puis un soir, après un dîner où il a confié à la
réalisatrice son incapacité à retenir les visages, l’équipe du film lui fête
son anniversaire. Lui fête malgré tout. Malgré l’énervement qu’il provoque dans
son impossibilité à être ce qu’on lui demande. La musique l’entraine dans la
danse. Il se fait pitre, acteur et séducteur sous le regard de l’équipe. La
costumière entre dans sa danse dans un jeu élégant, séduisant et qui laisse la
place à l’humour. Il laisse découvrir une forme d’authenticité de lui par celle
qui l’habille, au moyen d’un pas de deux. Un duo pourtant.
Ce plan qui fait donc suite à ses confidences mais
aussi à l’échec de l’interprétation de l’acteur dans une des scènes ouvre alors
sur un renouveau de son jeu dans le film qui est en train d’être tourné. Comme
si entre les paroles et la danse s’étaient déliés les possibles. Les possibles
de l’acteur comme du sujet.
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